Description
L’œuvre Manifester le vide fait partie de l’exposition Hibernez-moi. Dernière exposition de la trilogie qui découle du parcours-processus. Le but de ce parcours est de marcher tout en prenant des photographies afin de rester ouvert au monde extérieur et de garder un regard critique sur celui-ci dans le but d’éviter de sombrer dans le métro-boulot dodo. J’ai donc, depuis 2014, accumulé des photos d’hiver de bord de route que je n’avais pas encore utilisées.
La 1ere partie de l’œuvre, territoire nature, est une réflexion sur l’observation de notre environnement sans altération ou presque, du respect de ce qui est observable et naturel. Utiliser une photographie de neige/glace de bord de route m’amène à mettre mon égo de côté et à encenser la nature comme si elle avait quelque chose à nous enseigner. Ce symbole de vérité, d’état de lucidité est mis en opposition au territoire culture représenté par des graffitis-autocollants déchirés de grandes villes. Cette partie du diptyque, semi-abstraite, symbolise la manifestation de l’égo, de l’indignation et des peurs de l’inconscient. Un lieu où il n’y a pas d’interdit.
Cette dichotomie déclenche en moi une quête de sens, passant d’un état d’objectivité en opposition à un état de subjectivité!
Ce qui a inspiré cette oeuvre
Dans les dernières semaines, j’ai vécu toutes sortes d’émotions: culpabilité, déception, frustration, colère, tristesse. Mais le sentiment qui m’est resté est l’indignation.
J’ai contracté la Covid-19 dans une fin semaine de yoga tenue et enseignée par des professeurs non vaccinés. Résultat de la fin de semaine: 5 sur 13 deviennent des cas positifs au variant Delta.
Culpabilité d’avoir eu peur de contaminer ma famille, mes amis et mes collègues. Heureusement, tous les participants, doublement vaccinés, n’ont pas retransmis la maladie.
Déception d’avoir dû annuler ma fin de semaine de l’Action de grâce parce que j’avais planifié une tournée familiale dans le sud du Québec. Dont l’opportunité d’aller voir mon beau-frère qui venait de recevoir un diagnostic de cancer du pancréas
Frustration d’avoir eu une confiance aveugle aux organisateurs pensant me payer une fin de semaine au nom de la santé…j’ai tenu pour acquis que tout monde avait leur passeport vaccinal surtout le professeur provenant d’un grand centre.
Colère en repensant aux mesures sanitaires limites: tapis à moins de 2 mètres, local non aéré, passeport vaccinal non demandé et serviette unique dans la salle de bain. Cerise sur le sundae: le professeur de Montréal n’a pas apporté son masque pour ses déplacements pendant la journée du dimanche. D’autant plus, qu’il a testé positif le mercredi matin et l’organisatrice nous a averti seulement le mercredi soir qu’une éclosion avait eu lieu durant la fin de semaine dans son centre.
Tristesse de comprendre que l’humanité est polarisée et dépourvue d’éthique.
Indignation de constater que l’égo gère le monde. Je suis indignée d’apercevoir que les toutologues créent de la mésinformation numérique, donc rapidement, ce qui a pour but de polariser le discours et d’obstruer le contenu des consensus scientifiques.
Pourrions-nous avoir la possibilité de demander si un professeur, un infirmier ou un poseur de thermopompes est vacciné? Est-ce un choix ou un droit? Je crois que la liberté de choix ou d’expression s’arrête lorsqu’on met les autres à risque. Comme dirait ma chum: « tu peux prendre un verre de trop, mais pas en conduisant. » J’ai eu besoin de réaliser une œuvre au retour de mon isolement…un moment de retrait sociétal et de réflexion. Isolée dans mon sous-sol aéré où on m’a livré de la nourriture avec amour, avec distanciation et avec port du masque.
Manifester le vide
Techniques mixtes sur bois
diptyque (36''x 48''x 1 1/2'') + (24'' x 48''x 1 1/2'')
2021